Proclamez !
AT : Car ainsi parle Yahvé : Criez de joie pour Jacob, acclamez la première des nations ! Faites-vous entendre ! louez ! Proclamez : "Yahvé sauve O son peuple, O le reste d'Israël !" (Jr 31 v.7)
(O : voir la rubrique « le Signe »)
NT : Et il leur dit : "Allez dans le monde entier, proclamez l'Évangile à toute la création. (Mc 16 v. 15)
Il est des théologiens qui proclament à l’inverse : « Le chrétien sait quand le temps est venu de parler de Dieu et quand il est juste de le taire et de ne laisser parler que l’amour » (Deus Caritas est)
Je distingue trois erreurs dans ce seul énoncé.
Il est essentiel pour le chrétien de faire prendre conscience à celui qu’il aide que c’est Jésus-Christ qui agit à travers lui, par le don de Sa Grâce.
Et celui qui est ainsi aidé saura Qui louer.
Si celui qui aide sait d’où lui vient la grâce d’aider, celui qui est aidé doit le savoir de même.
Le silence de Dieu et l’amour d’orgueil
La compréhension incomplète du sens du cri de Jésus sur la croix « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » (voir à ce propos la rubrique « Éli, Éli ») en plus de blasphémer le Verbe de Dieu, laisse penser que l’Éternel est décidément incompréhensible, au travers de Son inaction, de Ses silences.
Au contraire, ce « non agir » de Dieu doit nous interroger : « qu’avons-nous fait, qu’avons-nous accepté, que n’avons-nous pas fait, pour que Dieu se comporte comme s’Il n’existait pas ? »
Le livre de Job nous enseigne cela et nous montre à quel point nous interprétons mal les qualités de cet homme énoncées par Dieu Lui-même :
AT : Et Yahvé reprit : "As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n'a point son pareil sur la terre : un homme intègre et droit, qui craint Dieu et se garde du mal !" (Jb 1 v. 8)
À la lecture de cet éloge, nous ne comprenons décidément pas pourquoi Dieu permet à satan d’accabler Job de malheurs et pourquoi Dieu le laisse un temps dans un silence affligeant.
L’interprétation commune de ce texte nous est malheureusement donnée par satan lui-même : « une fois tenté et sérieusement tenté, Job sous cette apparence d’intégrité tombera comme tout autre pécheur. » Mais Dieu relève ce défi du mal, accorde toute Sa confiance à Son serviteur Job et permet à satan d’agir. Nous connaissons la suite, Job ne reniera jamais sa foi et Dieu lui fera recouvrir tous ses biens.
Tout d’abord, Job accablé ne prononcera jamais ces mots « Mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? » comment alors imaginer que le Verbe de Dieu les ait criés ?
Ensuite n’en déplaise à notre lecture conciliante, Job n’est pas exempt de tout défaut avant cette grande épreuve : les premiers versets nous l’enseignent :
AT : Ses fils avaient coutume d'aller festoyer chez l'un d'entre eux, à tour de rôle, et d'envoyer chercher leurs trois sœurs pour manger et boire avec eux. Or, une fois terminé le cycle de ces festins, Job les faisait venir pour les purifier et, le lendemain, à l'aube, il offrait un holocauste pour chacun d'eux. Car il se disait "Peut-être mes fils ont-ils péché et maudit Dieu dans leur cœur !" Ainsi faisait Job, chaque fois. (Jb 1 v. 4 et 5)
Puis
Le jour où les fils et les filles de Job étaient en train de manger et de boire chez leur frère aîné, un messager vint dire à Job : "Tes boeufs labouraient et les ânesses paissaient à leurs côtés quand les Sabéens ont fondu sur eux et les ont enlevés, après avoir passé O les serviteurs au fil de l'épée. Moi, le seul rescapé, je me suis sauvé pour te l'annoncer." (Jb 1 v. 13 à 15) (O : voir rubrique "Le Signe")
On le voit, Job permettait à ses fils et ses filles de boire et de festoyer, acceptait ce rite au point d’en être troublé et d’en réparer les éventuelles fautes : Job se soumettait à cet amour passivement tolérant pour ses enfants, plutôt que de leur adresser le moindre reproche.
Oui Job était juste pour lui-même ! Oui, Job voulait être juste pour ses enfants en réparant ce qu’ils avaient peut-être abîmé ! Mais cet amour inexorable poussé à la tolérance sans limites ne fait pas partie de l’amour contenu dans le Vase de Prédilection : c’est un amour qui en déborde et se perd pour toujours au point d’en vider à jamais le contenu.
C’est un amour désordonné, orgueilleux comme les vagues de la mer qui prétendent tout dominer par leur seule force.
Job reconnaîtra, à la fin de son épreuve, mieux connaître Dieu et ce qu’Il attend de chacun :
AT : « Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t'ont vu. » (Jb 42 v. 5)
En lisant cette phrase, je ne peux m’empêcher de penser à Job contemplant Jésus-Christ en croix, Jésus qui comme Job a tout accepté pour Ses enfants, jusqu’à mourir, mais Jésus qui avant ce Don leur a proclamé les règles de l’Amour dont nul ne doit s’exonérer.
Son Enseignement a précédé Son Sacrifice.
À nous chrétiens de Proclamer avant de donner ce que l'on a reçu.
N’est-ce pas la leçon que nous a donnée le bon larron ? Proclamer la justice en reprenant celui qui s’en écarte, proclamer notre faiblesse, proclamer Celui de qui nous recevons tous les biens, proclamer notre confiance en Lui par la prière, et si enfin le bon larron n’a rien pu donner, il a tout reçu.
NT : L'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait : "N'es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi même, et nous aussi." Mais l'autre, le reprenant, déclara : "Tu n'as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine !
Pour nous, c'est justice, nous payons nos actes ; mais lui n'a rien fait de mal."
Et il disait : "Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume."
Et il lui dit : "En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis." (Lc 23 v. 39 à 43)