Questions d'Écriture

Les Écritures sont là pour nous libérer, avec l'éclairage qu'en a donné le Christ, Lui qui est venu accomplir la Loi. Les questions qu'elles soulèvent font que pour y répondre, il faut déjà longuement "ruminer" le texte, à l'instar d'une nourriture que le corps n'assimile qu'après un certain temps. Vouloir y donner réponse sans y être longuement préparé ne peut que chatouiller notre orgueil qu'a développé notre mode de vie où nous pouvons avoir tout, tout de suite.

Lorsqu'il est question d'Écriture, il me vient la parole du Christ :


NT : "vous avez entendu ceci et bien Moi je vous dis..." (Mt 5 v. 21 à 44)


Ayons toujours à l'esprit cette recommandation de Jésus qui nous fait comprendre qu'au travers des écrits de l'ancienne Loi, il faut en dégager non plus l'esprit de la lettre, mais l'Esprit des Écritures. On sait combien Jésus reprochait aux pharisiens de rester toujours dans l'esprit de la lettre, or c'est bien L'Esprit des Écritures qu'Il nous demande de percevoir lorsqu'Il libère la femme adultère de ses bourreaux, animés par la loi de Moïse appliquée à la lettre, qui aurait conduit à sa lapidation. Ce qui m'amène à signaler une beauté dans le texte de ce passage : Jésus avant de répondre écrit des signes sur le sol, Lui, le Maître des Écritures, Celui que les Écritures annoncent !  Ainsi la recommandation donnée de ne pas regarder une belle femme était l'esprit de la lettre utile pour des hommes qui n'avaient pas encore reçu l'enseignement du Christ : la victoire sur le mal n'est pas à rechercher sur des causes extérieures mais bien en nous-mêmes. La beauté ne doit pas être le bouc émissaire qui nous exonère d'un solide travail à faire en nous. Sans quoi en effet, pour ne pas fauter on s'attaquerait à la beauté elle-même, Création de Dieu, en la bannissant, en la cachant, ce que font certaines religions. Or Dieu a rempli de beauté le monde, parce qu'il veut rendre l'homme à la fois heureux de contempler le spectacle de la Création MAIS SURTOUT parce qu'au travers de la beauté, Dieu veut attirer l'homme à Lui. Cacher la beauté reviendrait à mourir car Dieu l'a répandue partout pour inciter l'homme à Lui rendre grâce. L'Esprit des Écritures consiste donc à rendre grâce à Dieu pour TOUTE CHOSE, en un juste retour à Lui, car Il a tout créé et ce faisant Il nous a tout donné! Si pour toute chose nous rendons grâce à Dieu, où serait le péché ? Si en permanence nous tenons la main de notre Père, en quoi pouvons-nous chuter ?

La beauté n'est donc pas à bannir, à cacher, à vilipender jusqu'à vouloir en faire la corne du diable. Quelle horreur ! Elle doit au contraire enflammer notre cœur pour que nous rendions grâce à Dieu.

Mais il faut bien comprendre également un second point : en aucun cas nous ne devons nous approprier l'objet de la beauté, car ce serait comme voler ce qui appartient à Dieu, première faute, et faire fructifier notre orgueil de la possession, seconde faute. On retrouve là le péché originel duquel l'humanité n'est jamais sortie : désobéissance à Dieu et vouloir se faire dieu. Les anciens, en appliquant la Loi à la lettre et non en Esprit, avaient bien compris l'importance de ne pas fauter de la sorte, et pour ne pas être tentés, cachaient la beauté. Mais l'ancienne Loi est accomplie depuis la venue du Verbe de Dieu et de l'enseignement qu'Il nous a laissé. De même qu'Il s'est offert en sacrifice pour le Père, de même Il nous demande de tout offrir de nous-mêmes au Père. Tout ce dont nous usons en ce monde doit Lui être présenté en offrande, en une action de grâce : le péché serait de garder pour nous toute grâce que Dieu nous donne. Ainsi la beauté, que ce soit d'un être humain, d'un animal, d'une fleur, d'une galaxie, bref de toute la création doit être reconnue et appréciée comme telle, elle est faite pour que nous adressions un cri de joie à Dieu : "je Te rends grâce pour ce que Tu me donnes de contempler". Cette action de grâce nous garde du péché dans lequel nous serions tombés si nous avions voulu nous approprier l'objet de cette beauté qui conserve ainsi la liberté, laquelle est aussi une création de Dieu pour chaque chose. On pourrait presque dire pour terminer que là est le véritable sens de la Religion : du latin religere, "relier" ce qui relie Dieu à l'homme et l'homme à Dieu:

Dieu nous donne tout mais nous devons tant Lui rendre!

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Réflexion autour de l'annonce de la naissance de Jean Baptiste au prêtre Zacharie.

(Évangile de Luc 1 v. 5 à 20)


Saint Jean Chrysostome avance une explication pour déterminer le mois de naissance de Jésus à partir des indications contenues dans le passage cité ci-dessus de l’Évangile de Luc et en considérant comme acquis le fait que l’autel des parfums se trouvait dans le Saint des Saints et donc n’était accessible au grand-prêtre qu’une fois l’an, à la fête des expiations. Il en déduit ainsi l’époque de conception de Jean le Baptiste à septembre/octobre. L’ange Gabriel apparaissant à Marie et lui annonçant à la fois qu’elle va enfanter Jésus et que sa cousine est enceinte depuis six mois, Jean Chrysostome ajoute donc à septembre/octobre ces six mois pour arriver à mars/avril, qui de ce fait serait la période où Marie a reçu l’annonce de sa conception. Ajoutant neuf mois, il parvient à décembre/janvier pour situer la naissance du Sauveur.


Ce calcul est tout à fait pertinent, hormis deux détails :


  • Luc ne précise pas que l’annonce à Zacharie se déroule le 10 du septième mois (sept/oct) c’est-à-dire le jour de la fête des expiations, fête importante comportant de nombreux rites décrits en Lv. 16 et que Luc n’aurait pas omis de mentionner, lui qui date dans son récit deux évènements se déroulant lors de la fête de la Pâque (Lc 2 v. 41) et (Lc 22 v. 1).
  • L’autel de l’encens se trouvait devant le voile donc dans le Saint (Ex 30 v. 6 à 8 et Ex 40 v. 6) ; l’apôtre Paul n’apporte pas en cela de contradiction en Hb 9 v. 3 lorsqu’il précise que se trouvait dans le Saint des Saints un autel des parfums et non l’autel des parfums.


Par contre l’action dévolue à Zacharie de « brûler l’encens » est décrite en Ex. 30 v. 6 à 8 comme une action biquotidienne matin et soir : il fallait renouveler la braise et les parfums sur l’autel qui se trouvait devant le Saint des Saints, devant le voile donc dans le Saint.


De plus, le fait que Zacharie remplissait une mission habituelle dans le Saint et non dans le Saint des Saints au moment de cette annonce par l’ange Gabriel convient bien à ce que déclarera de lui-même Jean Baptiste :

"Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales" (Mt 3 v. 11).


Ainsi l’annonce de sa naissance devait se faire en un lieu plus humble que le Saint des Saints où Se manifestait le Seigneur, devant Moïse :


C'est là que je te rencontrerai. C'est de sur le propitiatoire, d'entre les deux chérubins qui sont sur l'arche du Témoignage, que je te donnerai mes ordres pour les Israélites. (Ex 25 v. 10)


Le propos de l’ange Gabriel au verset 19 nous permet également de déduire que Zacharie ne se trouvait pas dans le Saint des Saints : en effet, l’ange Gabriel se présente nominativement et qualitativement, comme "celui qui se tient devant le Seigneur". Si Zacharie s’était trouvé devant l’Arche, dans le Saint des Saints, il se serait lui aussi tenu devant le Seigneur, selon la tradition de rencontre établie par Dieu rappelée dans le verset Ex 25 v. 10 ci-dessus.